poesie l automne on voit tout le temps

Eneffet, tout le monde peut lire de la poésie sans rechercher autre chose que la douceur de ses multiples formes. Et tout le monde peut en écrire sans rechercher à faire du style ou de la Constellationd’automne (4): Poésie, etc. Constellation d’automne. (4) : Poésie, etc. A voir le goût des formes brèves, des livres peu épais – on dit parfois “plaquettes”, sans que l’on sache si c’est en lien avec le beurre ou avec le sang. Aimer les pages envahies de blanc, pas nécessairement de poésie – mais c’est en quandvient le temps de l’automne. Dans la forêt de Brotonne, parmi les fûts somnolents, le vent souffle, monotone. En ville, une cloche sonne. avec des sons lancinants. quand vient le temps de l’automne. Un routard attend l’aumône. près des feux, doigts tremblotants Quand vient le temps de l’automne, le vent souffle, monotone Nonplus grand, non plus beau, mais pareil, mais le même, Où l'instinct serre un cœur contre les durs qu'il aime, Où le chaume et la tuile abritent tout l'essaim, Où le père gouverne, où la mère aime et prie, Où dans ses petits-fils l'aïeule est réjouie De voir multiplier son sein ! Toi qui permets, ô père ! aux pauvres hirondelles Lesarbres sont en deuil On voit tout le temps, en automne, quelque chose qui vous étonne, c'est une branche tout à coup, qui s'effeuille dans votre cou. Dans notre ville, il y a. Jour pluvieux d'automne, de michel beau. (l'automne, chanson d'automne, mois d'automne, l'écureuil et la feuille, l'écureuil) . Feuilles d'automne d'isabelle Site Rencontre Gratuit Nord Pas De Calais. La couleur vertetrembleentre les mainsde l'automneLa mort maquilleles continuer... Deux vieux marins des mers du NordS'en revenaient, un soir d'automne,De la continuer... Au temps de la Toussaint, lorsque les cimetièresS’ornent de cyclamens, de buis continuer... Dans le brouillard s'en vont un paysan cagneuxEt son boeuf lentement dans le brouillard continuer... Le vent tourbillonnant, qui rabat les volets,Là-bas tord la forêt comme une continuer... A Jules rivière s'écoule avec lenteur. Ses eauxMurmurent, près continuer... Vois ce fruit, chaque jour plus tiède et plus vermeil,Se gonfler doucement aux continuer... Matins frileuxLe temps se vêt de brume ;Le vent retrousse au cou des pigeons continuer... L'automneinonde nos regretsd’un lustre inconséquent et d’une couleur bronzeces continuer... Automne malade et adoréTu mourras quand l'ouragan soufflera dans les roseraiesQuand continuer... Les sanglots longsDes violonsDe l'automneBlessent mon coeurD'une continuer... À Charles HenrySur le gazon déverdi, passent - comme un troupeau d’oiseaux continuer... IBientôt nous plongerons dans les froides ténèbres ;Adieu, vive clarté continuer... Dans le parc aux lointains voilés de brume, sousLes grands arbres d’où tombe continuer... Dans le silencieux automneD'un jour mol et soyeux,Je t'écoute en fermant les continuer... Quand de la divine enfant de Norvège,Tout tremblant d'amour, j'osai m'approcher,Il continuer... Parmi la chaleur accablanteDont nous torréfia l'été,Voici se glisser, encor continuer... Le ciel se fait lourd quand râlent les pupitresAnnonçant dans la cour un vide continuer... Sous des cieux faits de filasse et de suie,D'où choit morne et longue la pluie,Voici continuer... Sors de ta chrysalide, ô mon âme, voiciL'Automne. Un long baiser du soleil a continuer... C'est bien mon deuil, le tien, ô l'automne dernière !Râles que roule, au vent continuer... Rayures d'eau, longues feuilles couleur de brique,Par mes plaines d'éternité continuer... Salut ! bois couronnés d'un reste de verdure !Feuillages jaunissants sur les continuer... Sois le bienvenu, rouge Automne,Accours dans ton riche appareil,Embrase le continuer... Voici venu le froid radieux de septembre Le vent voudrait entrer et jouer dans continuer... A toute autre saison je préfère l'automne ;Et je préfère aux chants des arbres continuer... L'azur n'est plus égal comme un rideau sans feuille, à tout moment, tressaille, continuer... L'illusion bleue du ciella froide présence du ventl'adagio du soleille continuer... Sentez-vous cette odeur, cette odeur fauve et roussede beau cuir neuf, chauffé continuer... Peut-être un hérisson qui vient de naître ?Dans la mer, ce serait un oursin, continuer... La glycine est fanée et morte est l'aubépine ;Mais voici la saison de la bruyère continuer... Adieu, paniers ! Les vendanges sont faites !Qu’attends-tu, graine que je sais, continuer... Le vent d’automne, aux bruits lointains des mers pareil,Plein d’adieux solennels, continuer... Parfois, quand le brouillard, vient assombrir nos routes,Et qu'au fond du tunnel, continuer... Comme je l'aime le vent d'automnequand je l'entends à ma fenêtreEt qu'il continuer... Le printemps est loin, si loinLes champs sont roses sombresDans le fil d'une continuer... L'automne fait les bruits froissésDe nos tumultueux l'eau tombent continuer... PrintempsLe printemps va bientôt naître. Les hirondellesPour que l'azur s'en continuer... En bas, il y a une jolie mésangeAvec un ver en bec ; la voici qui le mangeDans continuer... Un beau ciel de novembre aux clartés automnalesBaignait de ses tiédeurs les continuer... Sous ces rayons cléments des soleils de septembreLe ciel est doux, mais pâle, continuer... Aux jours où les feuilles jaunissent,Aux jours où les soleils finissent,Hélas continuer... L'automne mange le tempscomme un insecte secavale le reflet continuer... De boue le chemin est arbres encore vivement pluie récente continuer... L’Automne s’exaspère ainsi qu’une Bacchante,Folle du sang des fruits et continuer... C’est un matin… non pas un matin de CorotAvec des arbres et des nymphes – continuer... C'est l'heure exquise et matinaleQue rougit un soleil travers la continuer... Vie sacrifiée d'une journée sans soleilLes arbres tombant, sans continuer... Les grand'routes tracent des croixA l'infini, à travers bois ;Les grand'routes continuer... Je lui dis La rose du jardin, comme tu sais, dure peu ;et la saison des roses continuer... Mais des nuits d’automneGoûtons les douceurs ;Qu’aux aimables fleursSuccède continuer... Octobre est doux. - L'hiver pèlerin s'achemineAu ciel où la dernière hirondelle continuer... Voilà les feuilles sans sèveQui tombent sur le gazon,Voilà le vent qui s'élèveEt continuer... Octobre m'a toujours fiché dans la détresse ;Les Usines, cent goulots fumant continuer... Châtaignes rabotées de lumièreet de silence aussi,comme des coquillagesblessés continuer... Octobre glorieux sourit à la dirait que l'été ranime les continuer... À peine les faucheurs ont engrangé les gerbesQue déjà les chevaux à l'araire continuer... Écoutez c'est le bruit de la joyeuse airéeQui, dans le poudroîment d'une continuer... Maintenant, plus d'azur clair, plus de tiède haleine,Plus de concerts dans l'arbre continuer... Les enfants des morts vont jouerDans le cimetièreMartin Gertrude Hans et HenriNul continuer... Aux branches que l'air rouille et que le gel mordore,Comme par un prodige inouï continuer... Le ciel s'est libéré de ses vapeurs torrides,Les jours se sont défaits des continuer... Je suis soumis au Chef du Signe de l'AutomnePartant j'aime les fruits je déteste continuer... Ils me disent, tes yeux, clairs comme le cristal " Pour toi, bizarre amant, quel continuer... Mon âme vers ton front où rêve, ô calme soeur,Un automne jonché de taches continuer... Vois-tu près des cohortes bovinesChoir les feuilles dans les ravines,Dans continuer... En ce temps-là, Jésus, seul avec Pierre, erraitSur la rive du lac, près de continuer... L'aurore automnale amène la nostalgieDe la Bretagne et de son ocre continuer... Les choses qui chantent dans la têteAlors que la mémoire est absente,Ecoutez, continuer... Vous laissez tomber vos mains rouges,Vigne vierge, vous les laissez tomberComme continuer... Voici que la saison décline,L'ombre grandit, l'azur décroît,Le vent fraîchit continuer... Avoir le goût des formes brèves, des livres peu épais – on dit parfois “plaquettes”, sans que l’on sache si c’est en lien avec le beurre ou avec le sang. Aimer les pages envahies de blanc, pas nécessairement de poésie – mais c’est en ce domaine qu’on en trouve le plus. Avoir le goût d’accumuler ces petits ouvrages, parfois délicatement fabriqués à la main jusqu’à former de sacrées piles, devenues “monstres” n’oublions pas ce titre trouvé par Jean-Pierre Faye en 1975 pour le n°23 de Change Monstre poésie. Adorer aussi les “pavés” débordant de matière que l’on a du mal à refermer avant de les avoir finis. Rêver que toute bibliothèque contienne des livres de formats et d’épaisseurs différents certains ne pesant que quelques grammes, d’autres, au contraire, intransportables – dont on demande quelle machine a bien pu les imprimer. Le marché de la poésie s’est enfin tenu en plein air sous un vent d’automne parfois ravageur – mais aussi sous un soleil froid. Quelques nouveautés ou non, dues à des autrices et des auteurs que le bâtisseur de constellations n’a jamais rencontrés, ont retenu son attention une autre suivra avant la fin de l’automne. High time to Start ! 1. Pour commencer, un livre qui se détache par son volume, son ambition, sa nécessité, sa réussite Format Américain, l’intégrale 1993-2006, publié aux Éditions de l’Attente sous la direction de Juliette Valéry. 1120 pages, pas moins – à la mémoire d’Emmanuel Hocquard. Non seulement le rassemblement d’une somme difficilement accessible, mais complétée par quelques inédits. Dans son introduction, Juliette Valéry écrit “J’ai lu récemment que les impressions issues des photocopieurs laser sont vouées à l’effacement en quelques décennies. La poudre noire qui tient lieu d’encre, qu’un processus de cuisson fait adhérer au papier, va s’en dissocier, redevenant poussière en quelque sorte, et en secouant les Format Américain on obtiendra des cahiers blancs.” Aussi fascinant que terrifiant ! Heureusement, de nouvelles machines ont pris le relais et ce pavé de 5,2cm d’épaisseur, impeccablement réalisé – souple, solide et pas trop lourd –, tient toutes ses promesses le tenant agréablement en main, je remarque le bruit très particulier que fait le papier quand on en déroule rapidement les cahiers. On ne va pas raconter toute l’histoire de cette série particulièrement discrète, mais mémorable pour qui s’intéresse à la poésie américaine contemporaine – Juliette Valéry ajoute “Il faut aussi laisser les livres parler tout seuls”, je suis bien d’accord avec elle. Mais rappelons que cette belle histoire est le fruit de nombre de séminaires de traduction collective de poésie américaine qui eurent lieu au “Centre de poésie & traduction” de la Fondation Royaumont. Petit rappel des faits “1992. Peu après la parution de 49+1 Nouveaux poètes américains, Emmanuel Hocquard me fait part de son idée de lancer une collection, de bulletins peut-être, afin de publier des traductions de séries de poèmes ou textes brefs, des petites formes de fabrique rapide, auto-produits, faciles à diffuser par la poste. Une sorte d’anthologie ouverte, in progress, qui s’augmente au fur et à mesure des découvertes de textes, des propositions des traducteurs…, laissant place à l’imprévu, par une mise en œuvre plus fluide et légère que l’imprimerie traditionnelle” écrit Juliette Valery qui “accepte de prendre en main la collection” pour laquelle Emmanuel Hocquard a déjà trouvé un nom Format Américain en référence au papier machine standard US. Écoutons-la encore quelques instants “Entre deux portes de la grande salle déserte, haut dans les étages à Royaumont, trône la machine. Jusque tard dans la nuit, imprimer, verso après recto. Régler le contraste, tenter de caler au plus près le registre, l’alignement du miroir, de contrer l’approximation du copieur de bureau ; surveiller chaque sortie, guetter la surchauffe, les “bourrages papier.” “Comme tout imprimeur ou garagiste, finir par connaître la machine au son.” Quelque chose d’à la fois commun dans sa fabrication et de relativement prestigieux par son contenu et sa mise en page. Très sélectif et en même temps ouvert les grands noms de la poésie américaine de l’après-guerre y sont, de John Ashbery à Charles Bernstein, de Jack Spicer à Suzan Howe, de George Oppen à Cole Swensen, de Robert Creeley à Keith et Rosmarie Waldrop – et beaucoup d’autres, dont quelques inconnues que l’on a d’autant plus plaisir à découvrir. On ne donnera pas la liste des traducteurs qui ont travaillé apparemment en bonne entente, mais on précisera que l’édition n’est pas bilingue on n’y trouvera que le texte français donné en tant que re-création et, si nous ne pouvons juger de sa fidélité à l’original, il nous est possible d’apprécier comment ça sonne ou non dans notre langue ; par exemple, ce poème de Robert Creeley traduit de l’américain par Jean-Paul Auxeméry “ATTENTE Comptais-tu les jours d’à présent jusque alors et jusqu’où pour trouver quoi, qui n’était pas connu depuis toujours ?” Emmanuel Hocquard “À mes yeux, la contribution des traductions de poésie américaine d’aujourd’hui à la littérature française d’aujourd’hui consiste à 1 fabriquer de la distance dans un espace-temps en voie de resserrement incessant ; 2 dire la distance ; 3 réintroduire des taches blanches » dans un contexte général de coloriage.” Il faudrait aussi parler du travail plastique de Juliette Valéry en ce qui concerne les couvertures de cette collection, toutes reproduites, et dont l’autrice établit après son introduction une brève chronique de leur conception. On ne lirait pas avec autant de plaisir cet ouvrage si le travail de réalisation graphique n’était aussi sobre et pertinent. Format Américain © L’Attente. Quittons-nous avec la première page d’un poème de George Oppen, traduit par Pierre Alferi toute première publication de cette collection “Format Américain” ou, si on préfère, Format américain / Un bureau sur l’Atlantique en 1993 “Une ville d’entreprises Sous-verre De rêve Et d’images – Et la joie pure Du fait minéral Pourtant impénétrable Comme le monde, s’il est matière, Impénétrable.” 2. Le plaisir qu’apporte la lecture d’un livre – quel que soit son format ou son épaisseur – n’est pas proportionnel à la quantité de commentaires qu’elle suscite. Rien de mesurable, au fond. On sait qu’il y a eu décharge de plaisir et on voudrait juste faire passer l’idée que ce qui l’a provoquée vaut la peine d’être partagé, en tant qu’expérience et sans la contraindre. S’il y a potentiellement contamination de “critique” à futur lecteur ou lectrice, le processus doit rester mystérieux – le premier cherchant à convaincre le ou la seconde sans lui fournir la moindre explication de texte. Aussi doit-on, plutôt que d’en rajouter, opérer des montages, faire des coupes, à partir de ce qu’on a mémorisé, ou annoté. Et si on veut se lancer dans l’exégèse de tel ou tel poème, ne pas avoir peur de fournir dix fois plus de signes que n’en a l’ouvrage examiné. Une bibliothèque entière pour un seul sonnet ? Pourquoi pas. On peut aussi prendre le temps de dire pourquoi on ne dira rien ; c’est au fond assez plaisant mais, à un moment, il faut arrêter, prendre distance, s’effacer et simplement recopier quelques vers ; par exemple ceux-ci… “Automne vivant et adoré malgré mouches gavées de nuit derrière la vitre entrent contre la lampe, le nouveau froid, pinçons, étoile lune-contre, étoile lune-avec, gobent une veste de jardinier, et, lui, vole, au, sommet, nage là-haut tresse une robe à tout entourée, lianes arbre air” … empruntés au livre d’Hélène Sanguinetti, Et voici la chanson, publié début octobre 2021 par les éditions Lurlure dirigées par Emmanuel Caroux. “L’oreille voit et l’œil entend” on ne dira pas le contraire. “La recherche visuelle et sonore, l’inventivité de l’écriture donnent naissance à une polyphonie de voix émiettées en séries de lancers, à un éclatement de la parole, parfois jusqu’à sa mise en poudre.” On n’aurait pas trouvé nous-même ces mots pour l’exprimer, mais ils nous conviennent. Comment paraphraser ce qui n’est pas paraphrasable ? Autant se jeter la tête contre les murs. Plutôt recopier quelques vers supplémentaires les tous premiers, par exemple “la parole se cassa parmi les pierres avait roulé, Plusieurs éclats brillants d’autres terreux et des lamelles ramassant des pierres où elle gisait morte à moitié cherchant des éclats nouveaux d’autres côtés terreux et dit Chanson va ! roule et se Cassant se réveilla” Et voici la chanson est le poème de l’histoire de Joug et Joui qui sont “le jour et la nuit, la lune et le soleil, l’eau et la soif, Éros et Thanatos, mais aussi bien le Méchant et le Gentil des contes, le malheur et la chance, douleur et plaisir, elle et lui, tantôt lui, tantôt elle, tout le monde, personne.” C’est ce qu’on lit, en caractères blancs sur fond rouge, sur la 4e de couverture. Et c’est précisément et qui donne envie d’ouvrir ce nouveau livre d’Hélène Sanguinetti dont on n’a pas oublié ceux publiés chez “Poésie/Flammarion”. Une petite centaine de pages bien davantage qu’une plaquette en apparence sages, mais montrant une certaine invention typographique, peu spectaculaire, mais agissante – l’œil étant un peu plus sollicité que d’ordinaire. Il arrive parfois que, parcourant une page, ou une séquence, une musique naisse intérieurement à partir des mots que l’on découvre, et que cette rencontre entre musique et paroles finisse par composer une chanson qui ne sera jamais la même d’une lectrice, ou d’un lecteur, à l’autre et pas davantage celle que l’autrice aurait pu avoir en tête au moment d’écrire. Ce que nous possédons probablement en commun le goût d’un certain silence et bien davantage encore, le besoin de respirer, ou de manifester telle ou telle humeur… “Voici la Chanson qui fait pleurer / de joie Tu pleures oh pourquoi pleure ? n’ai pu / prendre tous les chemins humains à la fois / oh là là un seul humain et ta main Il n’y a pas lieu de se lamenter Il n’y a pas lieu de se lamenter Il y a une libellule Il y a une libellule Elle grésille Elle grésille” Deuxième livre paru chez Lurlure Je t’aime comme de Milène Tournier. Cette fois la 4e de couverture est signée par l’autrice. J’en reprends ces fragments “J’ai souhaité, avec ce double leitmotiv aimer et comme – je t’aime comme – épouser le tout ordinaire » des lieux et des villes, en les regardant avec les yeux de l’amour transi […] Du topos de la déclaration d’amour, j’ai voulu surtout conserver l’acte, étrange et sublime, de la déclaration”. Si on recopie la Table en fin de volume, on obtient une suite assez étonnante, dont voici l’ouverture “Je t’aime comme… un abattoir / …une agence d’intérim / …une agence de transfert d’argent / …une agence de voyage / … un ascenseur / …un atelier de retouche / …une auto-école / …une autoroute” ; et la toute fin “…une salle de sport / …un salon de coiffure / …un salon de tatouage / …un sex-shop / …un skatepark / …un stade / …une tour de bureau la nuit / …les travaux dans la petite rue / …un trottoir / …un zoo”. On le voit, l’ordre alphabétique est respecté. Et, à chaque proposition, un certain nombre de variations au total plus ou moins 1600, sur une petite page comme sur plusieurs deux ou trois. Exemple “JE T’AIME COMME UN MARCHÉ NOIR Je t’aime à la sauvette. Je t’aime comme une réplique de Chesterfield, et donner son 06 à même le mur, pour que le passant sache où nourrir son addiction. […] Je t’aime, le marché noir n’affiche pas ses prix comme panonceaux piqués dans les courges mais les claironne en chuchotant Rolex, Rolex, 20 euros la Rolex ! » Je t’aime comme les quinze montres s’entrechoquent au poignet. […] Je t’aime comme un marché trouble. Je t’aime authentique, pas la contrefaçon de luxe au faux cuir et faux poinçon. […] Je t’aime comme un jackpot de misère, de quoi survivre seulement une vie avec toi. Je t’aime comme le ciel bleu au-dessus du marché noir. Je t’aime comme, parmi les étoiles, certaines, c’est sûr, sont tombées du camion. […] Je t’aime comme nos rêves ne seront jamais mauvaises copies de faussaires.” Il faut tenir la durée, avoir du souffle, ce que possède assurément Milène Tournier. Combien se sont épuisés, et ont épuisés leurs lecteurs, à enchaîner les variations plus ou moins minimales sur une simple proposition… Là, ce n’est pas le cas, on en redemanderait presque. Par moments, j’entends comme une remise en jeu du “beau comme” de Lautréamont. Vieille histoire, mais toujours vaillante rien de morbide à la reprendre, même si “Je t’aime comme les morts couchés à nos pieds.” L’autrice nous révèle aussi toujours en 4e de couverture qu’elle a “aimé tard dans [sa] vie.” “Je veux dire, c’est tardivement et récemment que je me suis mise à aimer. Sans doute y avait-il de l’amour en attente de déferlantes qu’il a fallu nécessairement dériver pour que, sans accabler un seul destinataire, il se répande sur la ville toute […], parce que les villes sont inépuisables – si l’amour pas toujours.” Comment pourrait-on ne pas aimer ce livre qu’il nous faut à notre tour épuiser, non seulement en en relançant la lecture, partielle ou non, mais aussi en y ajoutant nos propres propositions – par jeu et par plaisir. Pour ne pas en finir. 3. Maintenant deux livres publiés au Cadran ligné, la maison d’édition de Laurent Albarracin. Le premier est – nous souffle ce dernier – très “savitzkayen” on se souvient que Le Cadran ligné a publié Ode au paillasson d’Eugène Savitzkaya. Il s’agit de L’Oiseux suivi de Excrément précieux de Victor Rassov. Deux poèmes donc. L’Oiseux s’étendant sur 54 pages composées chacune d’une strophe de six vers ; Excrément précieux sur 28 pages, [id.] mais cette fois de neuf vers. On peut donc en faire la lecture d’un seul trait, ce que j’apprécie, avant d’y revenir pour s’attarder sur certains détails. Relevons quasi au hasard le premier mot ayant probablement influencé le “coup de ciseaux” une strophe “L’automne aux tempes et pour gouge une ellipse, l’Oiseux cisèle un grain de sable mouvant.” Animal qui, “s’il possède certaines qualités du moineau, est incomparablement plus fourbe”, l’Oiseux “fait dans la hantise.” “Lui couper l’air sous l’aile, abattre l’arbre qui cache la forêt au fond de laquelle il se terre telles sont les visées des poèmes réunis dans L’Oiseux. Une traque, donc, avec ce que cela comporte de rêverie et d’errance, de longs aguets sous les taillis, le nez dans la matière.” Autrement dit, il ne faut pas remiser ses – cinq ou six – sens au placard ne pas lire seulement en ouvrant grand les yeux… “Faune grêle / à peu près ce qui s’affaisse / en direction du ciel / les boues séparées / tracent les possibilités du magma sur la route / en redemanderait-on / qu’on se verrait servi / chaque lampée / possèdera son buveur.” Sentir et toucher, ouïr et goûter, se projeter à deux pas de l’asphalte, dans cette jungle étrangement éclairée où nous sommes comme chez nous, tout en étant transportés dans un ailleurs. Lire, c’est opérer une forme de déplacement dans le temps et dans l’espace. Et se souvenir, c’est, reprenant la partition, rejouer le voyage. Un dernier fragment “L’Oiseux ne chie qu’au pied des icebergs et c’est peut-être sa seule coquetterie.” Tournures de l’Utopie est l’un des deux autres livres publiés par Le Cadran ligné en cette “rentrée 2021”. Il est signé Boris Wolowiec qui a publié huit ouvrages depuis 2014, chez ce même éditeur, mais aussi chez Lurlure, au Corridor bleu, etc. Il s’agit du premier que je lis, ne possédant aucune information de quelque sorte que ce soit, sur son auteur ; de l’ensemble des livres ici chroniqués, c’est le seul qui n’apporte aucune indication sur la fameuse 4e de couverture ou sur les petits papiers accompagnant leur envoi. Ne rien savoir ne nous met pas en mauvaise situation lit-on de la même façon si on connait un peu l’auteur – ou non ? Ou si l’on a déjà une certaine familiarité avec son travail ? Je ne sais. Je préfère penser que la lecture est toujours à reprendre, qu’on n’en aura jamais fini, et que nos notes, nos gribouillis dans les marges, ne sont qu’instantanés fragiles que l’on recopie, découpe et remonte, avec plus ou moins de fidélité, comme on fait des frottages sur des fossiles ramassés au sol pour en prendre l’empreinte. Tournures de l’Utopie ne fait qu’à peine plus de cent pages, soit une quinzaine de plus que le précédent, mais est beaucoup plus dense peu de blanc ; nulle découpe en strophes, et encore moins en vers ; de brefs paragraphes séparés par un espace légèrement marqué. Je le lis parfois comme s’il s’agissait d’un journal de bord, plutôt qu’intime et parfois comme s’il s’agissait, une fois encore, de variations sur des thèmes non précisément nommés. Parfois certains noms m’arrêtent ils me disent quelque chose. Ce peut être drôle, inattendu “Hier j’ai parlé avec Rita Gombrowicz. Quand Rita Gombrowicz était jeune, elle ressemblait à Nicole Calfan. Quand Witold Gombrowicz était jeune, il ressemblait à Humphrey Bogart. Nicole Calfan a partagé l’existence de Jean Yanne. Il y a ainsi un lien bizarre entre Witold Gombrowicz et Jean Yanne”. Mais cela peut donner aussi “Dehors il y a du vent. Dehors il pleut. Apparaître seul apaise. Apparaître seul aide le vent. Apparaître seul aide le vent à souffler. Apparaître seul aide la pluie à tomber. Apparaître seul aide le vent à vouloir la pluie. Apparaître seul aide le vent à vouloir toucher la pluie. Apparaître seul aide le vent à vouloir embrasser la pluie.” À un moment, l’auteur rend hommage à Christophe Tarkos “Je remercie Christophe Tarkos. J’ai besoin de Christophe Tarkos. J’ai besoin de lire Christophe Tarkos pour écrire autre chose que ce que Christophe Tarkos a écrit.” Etc. Il peut être aussi bien question de kangourou que de chanson. Boris Wolowiec connaît la chanson française, il peut en faire une liste impressionnante, jusqu’à citer de nom de Vincent Delerm, que le dessinateur Luz déteste tant, avant celui de Peter Szendy auteur d’un essai intitulé Tubes. Il connaît aussi le cinéma de Melville, ou de Dumont. Mais l’essentiel – comme la vraie vie – est ailleurs dans ce qu’il nous sera impossible de résumer et dont on ne pourra prélever que d’infimes fragments, matière à collage éphémère “Les phrases chorégraphient l’espace. Les phrases chorégraphient l’amour. Les phrases chorégraphient l’espace de l’amour. Les phrases chorégraphient la coïncidence du temps et de l’espace. Les phrases chorégraphient la coïncidence de temps et d’espace de l’amour.” […] “Je marche avec la tête à l’intérieur de la Pologne précisément parce que je n’y ai jamais mis les pieds. Je marche avec les mains à l’intérieur de la Pologne précisément parce que je n’y ai jamais mis les pieds.” Etc. La matière est riche, à vous de jouer. 4. L’hiver dernier m’était parvenu un “volume collectif” intitulé Avant midi, dirigé par Gillet Jallet et Xavier Maurel, publié aux éditions Monologue. Il s’ouvrait par un texte de Nietzsche, Le Voyageur traduit par G. Jallet. Au temps de ma vie lycéenne, cette page de Nietzsche m’était parvenue sous forme de 45 tours offert à la sortie du bahut, le texte étant lu par Gilles Deleuze et mis en musique par Richard Pinhas Heldon. Selon leurs animateurs, “Avant midi n’est ni un livre, ni une revue ; nous l’avons conçu à la frontière des deux, plutôt comme un montage ou la construction d’une image » qui, prenant appui sur la proposition du texte Le Voyageur de Nietzsche, s’invente en se dispersant, chaque poème pris en son unicité, mais aussi dans une relation étroite, pas à pas, des poèmes entre eux.” Étonnante reprise pour moi de ce qu’avait proposé Jean-Pierre Faye pour Change id. ni livre, ni revue dont le premier numéro, il y a maintenant un peu plus d’un demi-siècle, s’intitulait Le montage. J’extrais de ce premier Avant midi quelques vers de Laure Gauthier “Je construis un courant d’air, une musique pour faire claquer les portes le goût du sucre ne cachera pas l’amertume il n’y a pas de pioche toujours gagnante l’humilité de l’amer” Aujourd’hui paraît une nouvelle publication des éditions Monologue, Sinouhay, l’Autoportrait de Gilles Jallet, soit 80 pages, format 11,8 x 19, d’une grande densité – je veux dire qui se lit avec plaisir, de manière plutôt fluide, mais qui interroge et renvoie à tant de choses qu’on ne l’abandonne pas après première lecture ; le livre nous tient compagnie un bon moment, et c’est ainsi que nous vient le désir d’en parler, même rapidement même légèrement. Bien qu’ayant possédé et lu dans l’enfance quelques Contes et légendes de l’Égypte ancienne ; bien que connaissant ne l’ayant cependant que feuilleté et jamais possédé la collection dirigée par Denis Roche chez Tchou dont le volume Histoires et légendes de l’Égypte mystérieuse a apparemment beaucoup compté dans l’adolescence de Gilles Jallet, j’aurais été bien en peine de répondre à la question qui est Sinouhay ? Maintenant, j’ai la réponse… que je n’ai pas l’intention de dévoiler dans ce “papier”, car il faudrait pour cela recopier la totalité de ce volume resserré éloquent sans pour autant se montrer bavard. Précisons néanmoins que Sinouhay était “un haut dignitaire de la cour [1991 à 1928 avant au temps des Pharaons Amenemhat 1er et Sénostris 1er] et de surcroît un chef militaire important”. Son récit est “la première autobiographie de l’histoire littéraire, au sens où la vie individuelle l’histoire personnelle du narrateur qui se trouve en être aussi l’auteur et le principal acteur et l’écriture sur soi l’emportent sur le récit des événements.” S’ouvrant par une citation de Stèles de Victor Segalen, puis, à l’intérieur d’une note concernant l’établissement du texte, par un bref égrenage de noms d’auteurs dont Jallet se sent proche ou redevable Yves di Manno en premier lieu via Kambuja, son travail sur les inscriptions khmères du Cambodge, mais aussi Ezra Pound, William Carlos Williams et les objectivistes, Jack Spicer et Jerome Rothenberg etc. – à ces noms j’ajouterai volontiers celui de Paul Louis Rossi, le poète de Cose Naturali et de Faïences, Sinouhay, l’Autoportrait s’annonce, avant lecture, plus qu’attirant. Partant d’un texte datant d’il y a quatre millénaires environ, l’auteur nous précise qu’“il ne s’agit pas d’une nouvelle traduction, ni même d’une traduction de traductions, mais bien d’une réinscription ou, plus exactement, d’une repoétique » au sens d’une refondation poétique à partir d’un matériau poétique préexistant.” Donc redonner vie. Difficile d’en choisir un fragment, et surtout de le recopier de manière fidèle sur internet qui a tendance à ne pas respecter certaines mises en page. Alors, une seule chose à faire en photographier une double page et la placer sous ces quelques lignes en tant qu’“illustration”, au sens de Michel Butor Sinouhay, l’autoportrait © Gilles Jallet / Monologue 5. Seconde salve de deux ouvrages pour la collection “Supersoniques” à la Philharmonie de Paris. Pour mémoire, cette collection a le projet de “mettre en récit et en image des personnalités qui, par le pouvoir des sons, ont donné forme à une œuvre, un monde, une théorie, une utopie… bousculant les frontières entre les disciplines et transformant la société. Elle vise à formuler ce qu’est pour nous, aujourd’hui, la musique créée hier.” Chaque livre est composé de huit cahiers de huit pages, format 16 x 20cm. Le texte est imprimé en assez gros caractères, et les dessins, en couleurs comme en noir et blanc, sont imprimés en contrepoint. Nous avions déjà apprécié ici-même les volumes de la première salve, à savoir Moondog, la fortune du mendiant de Guy Darol & Laurent Bourlaud et Glenn Gould, fiction d’Élie During & Alain Bublex. Aujourd’hui, les volumes 3 et 4 s’intitulent Sappho de Stéphane Bouquet et Rosaire Appel et Alexander Graham Bell de Juliette Volcler et Matti Hagelberg sur la couverture, on ne dit pas “de” untel ou unetelle, mais “raconté par”, ce qui n’est pas indifférent. Comme cette constellation d’automne est consacrée à la poésie, commençons par Sappho, figure à la fois célèbre et, en vérité, quasi inconnue de l’antiquité grecque. “Elle serait née entre 630 et 612 avant notre ère à Mytilène ou près de Mytilène” nous précise Stéphane Bouquet qui introduit son récit par cet incipit “Sur Sappho je sais que je ne sais quasi rien – pourrait dire un sage Socrate actuel” ce sera un des leitmotive de son texte. C’est ce qui en rend la lecture passionnante nous ne sommes pas plongés dans une illusoire reconstitution de ce qui fut et sur lequel les chercheurs n’ont relevé que peu de traces, mais sur les résonances de ce que Sappho aura accompli – réalisé concrètement – de son vivant. “Dans toute cette incertitude, écrit Stéphane Bouquet, une chose cependant est sûre Sappho aimait un rythme plus qu’un autre – puisqu’elle est la première à utiliser la strophe qu’on appelle aujourd’hui en son honneur saphique.” Certains lui attribuent aussi l’invention du mode mixolidien. Mais peu importe, Bouquet nous raconte que “pour les Grecs, de toute façon, il était moins important d’attribuer une invention à son inventeur réel que d’honorer une invention d’un inventeur qui fut digne d’elle.” “Poésie était un art du présent, écrit encore Stéphane Bouquet […]. Un poème de Sappho n’est pas un texte mais une situation. […] Le poème dit je » mais ce je » n’est pas la première personne du singulier. C’est un bizarre je collectif. C’est le je du chœur qui dit je plutôt que nous pour signifier qu’il parle d’une seule voix.” Et la sensualité caractérise cette poésie “L’éolienne Sappho chantait souvent les caresses de l’amour […] ce genre de chahut émotionnel que Louise Labbé, bien plus tard chante à son tour J’ai chaud extrême en endurant froidure » […] Sappho semble aimer le monde à la folie, le monde dans sa substance de monde et, de ce fait, accorder une attention soutenue à la richesse des sensations et à la multitude adorable des détails et à la vie désirante-désirable des corps. Sa poésie est d’une richesse concrète telle que son monde sans cesse bruit de sons et éclate de couleurs et tremble d’odeurs et se chamarre de matières.” On le voit, ce récit est magnifiquement écrit – bonne idée que d’avoir confié Sappho à un poète contemporain, et non des moindres. Et n’oublions pas de relever au passage quelque fragment de Sappho le 71 “un chant doux voix de miel chante mouillée de rose” Dessin © Rosaire Appel / Philharmonie de Paris Quelques mots sur les pages dessinées par Rosaire Appel. Il s’agit de “partitions graphiques” que l’on pourra considérer, selon sa propre capacité d’ouverture, aussi bien “jouables” qu’“injouables” plus proches du travail de peintres musiciens comme l’Anglais Tom Phillips que de compositeurs pratiquant aussi les arts plastiques comme l’Italien Sylvano Bussotti qui nous a quittés le 19 septembre dernier ou l’Américain John Cage. Elles collent paradoxalement donc parfaitement avec ce récit, car elles remettent en jeu graphiquement un système de notation – certes déformé, froissé, caviardé, repensé, et surtout libéré de nombre de conventions – qui était encore loin d’être en gestation dans les rêves les plus fous des chanteurs / joueurs de barbitos de l’antiquité. Alexander Graham Bell de Juliette Volcler et Matti Hagelberg bénéficie d’une solide documentation. Si son histoire est loin d’être aussi énigmatique que celle de Sappho, elle demeure étonnante et au fond mal connue, ce qui fait que qui se précipitera sur ce livre y fera de vraies découvertes. Bell, c’est bien entendu le “père du téléphone” mais, comme il est écrit vert sur gris clair sur le rabat, il se pourrait que “l’Histoire ait tout retenu à l’envers. Voilà qu’un assistant talentueux, des inventeurs oubliés, des historiennes pugnaces, des Sourdes et des Sourds viennent soudain perturber le récit.” Et effectivement, Juliette Volcler, chercheuse indépendante travaillant l’écoute critique, met en évidence toutes ces perturbations, de manière docte, non sans humour parfois, ce qui fait nous sommes renseignés sur cet homme qui a “conquis, comme dans les contes de fées, la fortune et la gloire”, sur son épouse “Mabel Bell, née Hubbard, se retrouvant par capillarité l’héroïne d’au moins sept biographies”, ainsi que bien d’autres personnages parfois savoureux, comme son assistant Thomas Watson devenu “le premier concertiste à distance” ainsi que “le premier auditeur de paroles électriquement transmises.” On relève avec stupéfaction qu’au cours des expériences de Bell, une authentique oreille humaine aurait été utilisée. Résultat “le téléphone à oreille était, selon Watson, celui qui marchait le moins bien”. “Il n’en demeure pas moins, conclut la philosophe Avital Ronell dans The Telephone Book, que l’ancêtre du téléphone que vous utilisez au quotidien contient les restes d’une véritable oreille humaine.” Notons enfin que les Laboratoires Bell ont nommé “en son hommage l’unité de mesure du niveau sonore, le décibel, littéralement le dixième de bel, abrégé en dB Le B majuscule, petit piédestal portatif, venait entériner la parfaite incongruité de l’unité de base, le bel, que personne n’employait jamais – son dixième l’avait immédiatement supplanté.” Double planche © Matti Hagelberg / Philharmonie de Paris Le choix de Matti Hagelberg, dessinateur finlandais bien connu, notamment pour ses livres publiés à L’Association Le Sultan de Vénus, Holmenkollen ou Kekkonen – entre autres, pour illustrer ce récit, est judicieux, tant il apporte de touches d’humour supplémentaire en tirant, à sa manière de son trait inimitable, quelques portraits aussi sculpturaux, hiératiques, qu’énigmatiques. Format Américain, l’intégrale 1993-2006, sous la direction de Juliette Valéry, Éditions de L’Attente, octobre 2021, 1120 p., 39 € Hélène Sanguinetti, Et voici la chanson, Éditions Lurlure, octobre 2021, 112 p., 17 € Milène Tournier, Je t’aime comme, Éditions Lurlure, août 2021, 192 p., 21 € Victor Rassov, L’Oiseux suivi de Excrément précieux, Le Cadran ligné, septembre 2021, 96 p., 15 € Boris Wolowiec, Tournures de l’Utopie, Le Cadran ligné, septembre 2021, 112 p, 15 € Gilles Jallet, Sinouhay, l’Autoportrait, Monologue, 80 p., 12 € Collectif, Avant midi, Monologue, mars 2021, 112 p., 13 € Stéphane Bouquet et Rosaire Appel, Sappho, Éditions de la Philharmonie de Paris, octobre 2021, 64 p., 13 € — Lire ici l’entretien de Johan Faerber avec Stéphane Bouquet Juliette Volcler et Matti Hagelberg, Alexander Graham Bell, Éditions de la Philharmonie de Paris, octobre 2021, 64 p., 13 € On voit tout le temps, en automne, quelque chose qui vous étonne... Si vous vous souvenez de ce poème, c'est que vous avez bonne mémoire. Bravo. Et c'est peut-être aussi que vous n'êtes plus toute jeune... Mais qu'à cela ne tienne, il n'y a pas d'âge pour partir à l'aventure le temps d'un week-end, d'une semaine, ou plus ! Et chez WeVan, tout comme Lucie Delarue-Mardrus l'écrit dans ces quelques vers, nous aimons bien cette saison. Voilà donc quelques bonnes raisons de s'offrir une petite escapade automnale. En automne, on s'aère pour moins cher Sur un plan purement logistique, l'automne présente des avantages indéniables. Premièrement, vous n'aurez pas à lutter contre la chaleur étouffante de l'été, qui ne convient pas forcément à tout le monde. L'automne est synonyme de brise rafraichissante et vivifiante, et lorsque viendra le moment de vous poser pour la soirée, vous n'aurez pas à chercher sans relâche un coin d'ombre pour votre van. Deuxièmement, l'automne est aussi synonyme de fin de la haute saison touristique. Ce qui a plusieurs conséquences. Avec la baisse de la fréquentation, tout devient plus agréable, notamment la circulation sur la route, ce qui n'est pas négligeable lorsque l'on entreprend un road trip. Il vous sera donc plus facile, selon la région, de vous sentir coupé du monde ! Et c'est sans compter sur une autre conséquence de la baisse de la fréquentation, celle des prix. Fini les campings qui plombent votre budget où les véhicules s'entassent les uns sur les autres ! Des couleurs inimitables Au-delà de cette approche pragmatique, l'automne est probablement la plus belle saison pour organiser une sortie en van. Tout d'abord parce que les couleurs de cette saison sont uniques. Les jaunes, les bruns, les rouges, les ocres, les verts du mois d'octobre font de l'automne une période à part, pleine de poésie. La végétation s'assoupit doucement pour mieux se réveiller l'année suivante, et offre quelques semaines parfois très fugaces teintées d'une touche de mélancolie. Pour autant, on peut encore y profiter de journées encore relativement longues, et se promener dans des paysages aux couleurs chatoyantes, dont vous profiterez également depuis la route. Et s'il n'est pas impossible que vous ayez besoin de vêtements imperméables à un moment ou un autre, les températures plus douces rendront vos balades bien plus confortables. Et en passant, vous pourrez saisir cette occasion pour ramasser quelques champignons ! L'automne est en effet la période idéale pour trouver bolets et autres cèpes, et c'est en un tour de main que vous aurez le plaisir de déguster une omelette de saison, préparée dans le van ou au feu de camp, assis sur votre plus beau plaid. Globalement, avec le bon équipement et/ou un peu de bonne volonté, il n'y a rien que vous puissiez faire en été qui soit inenvisageable de faire en automne. Si le temps est de votre côté, et que vous n'êtes pas amateur de fortes chaleurs, il se peut même que l'automne soit plus agréable. Toutefois, quand bien même vous ne seriez pas avide d'activités en extérieur, l'automne est aussi la saison idéale pour de longs moments de lecture, à l'abri dans le van ou sur un confortable tapis de mousse sous les arbres. En somme, vous n'aurez que l'embarras du choix ! Si l'envie d'évasion se fait ressentir, vous savez donc ce qu'il vous reste à faire... Découvrez d'autres articles vanlife pour commencer à voyager avant votre location de van aménagé ! 1. L'automne de Guillaume Apollinaire 1880-1918 est une saison de brouillard et de tristesse. Automne Dans le brouillard s’en vont un paysan cagneux Et son bœuf lentement dans le brouillard d’automne Qui cache les hameaux pauvres et vergogneux Et s’en allant là-bas le paysan chantonne Une chanson d’amour et d’infidélité Qui parle d’une bague et d’un cœur que l’on brise Oh !* l’automne l’automne a fait mourir l’été Dans le brouillard s’en vont deux silhouettes grises. *pas d'autre ponctuation mis à part le point final Guillaume Apollinaire "Alcools" - Mercure de France 1913 - réédité en poche Poésie/Gallimard Et ce poème difficile et tout aussi triste Automne malade Automne malade et adoré Tu mourras quand l'ouragan soufflera dans les roseraies Quand il aura neigé Dans les vergers Pauvre automne Meurs en blancheur et en richesse De neige et de fruits mûrs Au fond du ciel Des éperviers planent Sur les nixes nicettes* aux cheveux verts et naines Qui n'ont jamais aimé Aux lisières lointaines Les cerfs ont bramé Et que j'aime ô saison que j'aime tes rumeurs Les fruits tombant sans qu'on les cueille Le vent et la forêt qui pleurent Toutes leurs larmes en automne feuille à feuille Les feuilles Qu'on foule Un train Qui roule La vie S'écoule Guillaume Apollinaire "Alcools" Aucune ponctuation dans ce texte*Dans la mythologie germanique et scandinave les nixes sont des nymphes aquatiques qu'affectionne l'auteur cf la Lorelei, qu'il évoque dans un autre poème. Apollinaire les qualifie de "nicettes", de l'ancien français "nice" niais, mignon. 2. Charles Baudelaire 1821-1867 peut-il être qualifié de poète maudit ? Certainement, lui à qui Les Fleurs du Mal ont valu un procès pour outrage à la morale publique et à la morale religieuse. Aujourd'hui, Les Fleurs du Mal sont le recueil de poésies qui se vend et s'est le plus vendu en France. Chant d'Automne Bientôt nous plongerons dans les froides ténèbres ; Adieu, vive clarté de nos étés trop courts ! J'entends déjà tomber avec des chocs funèbres Le bois retentissant sur le pavé des cours. Tout l'hiver va rentrer dans mon être colère, Haine, frissons, horreur, labeur dur et forcé, Et, comme le soleil dans son enfer polaire, Mon coeur ne sera plus qu'un bloc rouge et glacé. J'écoute en frémissant chaque bûche qui tombe L'échafaud qu'on bâtit n'a pas d'écho plus sourd. Mon esprit est pareil à la tour qui succombe Sous les coups du bélier infatigable et lourd. II me semble, bercé par ce choc monotone, Qu'on cloue en grande hâte un cercueil quelque part. Pour qui ? - C'était hier l'été; voici l'automne ! Ce bruit mystérieux sonne comme un départ. Charles Baudelaire "Les Fleurs du Mal" - 1857 3. Michel Beau Voici quelques rares éléments de la biographie du poète Michel Beau, trouvés sur le site [Michel Beau a publié de nombreux livres de poésie Du cœur aux lèvres » aux éditions Rougerie, C’est donc cela l’amour » aux éditions Grassin, Quand paraît l’arc-en-ciel » aux éditions Nouvelle Pléiade, La farandole des saisons » à l’Académie du Disque de Poésie, Scriptoformes » aux éditions Graph2000, La mieux-aimée » aux éditions Denoël, Jonglerimes » aux éditions Nathan.] ... auteur de ce poème triste sur l'automne Jour pluvieux d'automne Une feuille rousse que le grand vent pousse dans le ciel gris-bleu, l'arbre nu qui tremble et dans le bois semble un homme frileux, une gouttelette comme une fléchette qui tape au carreau, une fleur jaunie qui traîne sans vie dans la flaque d'eau, sur toutes les choses des notes moroses, des pleurs, des frissons, des pas qui résonnent c'est déjà l'automne qui marche en sifflant sa triste chanson. Michel Beau 4. Marguerite Burnat-Provins Marguerite Burnat-Provins 1872-1952 est une écrivaine, dessinatrice et peintre française qui a vécu une grande partie de sa vie en Suisse. Elle trouve sa source principale d'inspiration dans l'observation de la nature. Sur l'arbre rouge Sur l'arbre rouge, as-tu vu Le corbeau noir ? L'as-tu entendu ? En claquant du bec, il a dit Que tout est fini ; Les fossés sont froids, La terre est mouillée. Nous n'irons plus rire et nous cacher, Dans la bonne chaleur du blé. Le corbeau noir a dit cela, En passant, Dans l'arbre rouge couleur de sang. Marguerite Burnat-Provins "Chansons rustiques" - Säuberlin et Pfeiffer, 1905 5. Marie-Magdeleine Carbet Romancière, auteur de contes pour enfants, et de poèmes "Mini-poèmes sur trois méridiens" - 1977, Marie-Magdeleine Carbet, est née en 1902 aux Antilles. L’acacia Le vent Passait, pleurant. L’acacia dit Vent d’automne Au front gris, Tu t’ennuies Je te donne Mes feuilles. Prends, cueille Et va jouer au volant* Avec ton amie La pluie. Le printemps, En son temps, M’en fera de plus jolies ! Marie-Magdeleine Carbet *allusion peut-être au jeu du volant, ancêtre du badminton. 6. Francis Carco 1886-1958 est un romancier, auteur de Jésus la Caille, L'Homme traqué... et le poète de Premiers vers, La Bohème et mon cœur, Chansons aigre-douces... Il fréquente les milieux artistiques parisiens, où il rencontre les poètes Guillaume Apollinaire et Max Jacob. Un arbre Un arbre tremble sous le vent, Les volets claquent. Comme il a plu, l'eau fait des flaques. Des feuilles volent sous le vent Qui les disperse Et, brusquement, il pleut à verse. Francis Carco 7. Maurice Carême Merci à la Fondation Maurice Carême L'écureuil et la feuille Un écureuil, sur la bruyère, Se lave avec de la lumière. Une feuille morte descend, Doucement portée par le vent. Et le vent balance la feuille Juste au-dessus de l'écureuil ; Le vent attend, pour la poser Légèrement sur la bruyère, Que l'écureuil soit remonté Sur le chêne de la clairière Où il aime à se balancer Comme une feuille de lumière. Maurice Carême Gare isolée On allume les lampes. Un dernier pinson chante. La gare est émouvante. En ce soir de septembre. Elle reste si seule À l’écart des maisons, Si seule à regarder L’étoile du berger Qui pleure à l’horizon Entre deux vieux tilleuls. Parfois un voyageur S’arrête sur le quai, Mais si las, si distrait, Qu’il ne voit ni les lampes, Ni le pinson qui chante, Ni l’étoile qui pleure En ce soir de septembre. Et la "banlieue" le cueille, Morne comme le vent Qui disperse les feuilles Sur la gare émouvante Et plus seule qu’avant. Maurice Carême Étranges fleurs L'automne met dans les lilas D'étranges fleurs que nul ne voit, Des fleurs aux tons si transparents Qu'il faut avoir gardé longtemps Son âme de petit enfant Pour les voir le long des sentiers Et pour pouvoir les assembler En un seul bouquet de clarté Comme font, à l'aube, les anges, Les mains pleines d'étoiles blanches... Maurice Carême 8. Pernette Chaponnière, de son vrai nom Pernette Dunant est née en 1915 en Suisse Genève. Elle est auteure de romans, de livres pour enfants et de pièces de théâtre. Les feuilles mortes Tombent, tombent les feuilles rousses, J'entends la pluie sur la mousse. Tombent, tombent les feuilles molles, J'entends le vent qui s'envole. Tombent, tombent les feuilles d'or, J'entends l'été qui s'endort. Tombent, tombent les feuilles mortes, J'entends l'hiver à ma porte. Pernette Chaponnière "L'écharpe d'iris" - Ed Hachette Un poème pour attendre le retour des hirondelles L'hirondelle On m'a dit qu'une hirondelle ne faisait pas le printemps et moi je dis que c'est elle sinon, qui le ferait donc ? Je l'ai vue avec son aile qui taillait dans le ciel blanc un grand morceau de dentelle où venait jouer le vent. Ce n'était qu'une hirondelle un oiseau noir et blanc et pourtant je n'ai vu qu'elle et j'ai le coeur tout content. On dit que les demoiselles font la pluie et le beau temps ; moi je dis qu'une hirondelle fait l'avril et le printemps. Pernette Chaponnière 9. Anne-Marie Chapouton Il pleut Il pleut des feuilles jaunes il pleut des feuilles rouges L’été va s’endormir et l’hiver va venir sur la pointe de ses souliers gelés Anne-Marie Chapouton "Poèmes petits" - Delagrave, 1999 - poème remis dans sa forme d'origine pas de ponctuation ni de majuscules. 10. Pierre Coran Pierre Coran est né en 1934 AutomneQuand les bois ont les cheveux courts, La lune ceint son abat-jour De brume pâle Et le vent vole et le vent court En tournoyant comme un vautour Sous les étoiles. Pourquoi mon coeur es-tu si lourd Quand les bois ont les cheveux courts ? Rivé aux cailloux de la cour Le lierre étreint dans ses doigts gourds Une hirondelle. Entends-tu dans le petit jour, Le gel affûter ses tambours Et ses chandelles ? Quand les bois ont les cheveux courts Pourquoi mon coeur es-tu si lourd ? Pierre Coran dans "La Poésie comme elle s'écrit" - Jacques Charpentreau - Éd Ouvrières 1979 11. Alain Debroise Alain Debroise 1911-1999, est auteur de poésies et de comptines. Villanelle* Une feuille d'or, une feuille rousse, un frisson de mousse, sous le vent du nord. Quatre feuilles rousses, quatre feuilles d'or, le soleil s'endort dans la brume douce. Mille feuilles rousses, que le vent retrousse. Mille feuilles d'or sous mes arbres morts. Alain Debroise "Deux sous d'oubliettes"*villanelle à partir du XVIe siècle, chanson pastorale et populaire ancienne sous la forme d'un poème. 12. Lucie Delarue-Mardrus Plus coloré, voici l'automne de Lucie Delarue-Mardrus 1874-1945, suivi d’une courte poésie pour les petits. L'automne On voit tout le temps, en automne Quelque chose qui vous étonne, C'est une branche tout à coup, Qui s'effeuille dans votre cou ; C'est un petit arbre tout rouge, Un, d'une autre couleur encor, Et puis partout, ces feuilles d'or Qui tombent sans que rien ne bouge. Nous aimons bien cette saison, Mais la nuit si tôt va descendre ! Retournons vite à la maison Rôtir nos marrons dans la cendre. Lucie Delarue-Mardrus Les feuilles tombent Les feuilles tombent peu à peu Les feuilles sont déjà par terre En grand silence, en grand mystère Les feuilles tombent peu à peu . Lucie Delarue-Mardrus 13. Luce Fillol Luce Fillol est née en 1918. Poète et romancière pour la jeunesse, "Le 47 bis de la rue des trembles" son premier roman, et "Prune" Édit Flammarion collection Castor Poche, sont ses oeuvres les plus connues. Feuille rousse, feuille folle Feuille rousse, feuille folle Tourne, tourne, tourne et vole ! Tu voltiges au vent léger Comme un oiseau apeuré. Feuille rousse, feuille folle ! Sur le chemin de l’école, J’ai rempli tout mon panier Des jolies feuilles du sentier. Feuille rousse, feuille folle ! Dans le vent qui vole, vole, J’ai cueilli pour mon cahier la feuille qui dansait. Luce Fillol dans "Musi-Musou raconte" - éditions Magnard, 1969 14. Rémy de Gourmont Ce poème de Rémy de Gourmont 1858-1915 est proposé sans la dernière strophe. Les feuilles mortes Simone, allons au bois, les feuilles sont tombées, Elles recouvrent la mousse, les pierres et les sentiers. Simone, aimes-tu le bruit des pas sur les feuilles mortes ? Elles ont les couleurs si douces, des tons si graves, Elles sont sur la terre si frêles épaves ! Simone, aimes-tu le bruit des pas sur les feuilles mortes ? Elles ont l'air si dolent à l'heure du crépuscule, Elles crient si tendrement, quand le vent les bouscule ! Simone, aimes-tu le bruit des pas sur les feuilles mortes ? Quand le pied les écrase elles pleurent comme des âmes, Elles font un bruit d'ailes ou de robes de femmes. Simone, aimes-tu le bruit des pas sur les feuilles mortes ? Viens nous serons un jour de pauvres feuilles mortes. Viens déjà la nuit tombe et le vent nous emporte. Simone, aimes-tu le bruit des pas sur les feuilles mortes ? Rémy de Gourmont "Simone, poème champêtre"- Mercure de France, 1901 15. Fernand Gregh Fernand Gregh 1873-1960 était, comme il se définissait lui-même pour se démarquer des symbolistes, un poète "humaniste". Il est aussi l'auteur d'essais et de nombreuses critiques littéraires. "Après l'école de la beauté pour la beauté, après l'école de la beauté pour le rêve, il est temps de constituer l'école de la beauté pour la vie." F. Gregh Silence d'automne C'est le silence de l'automne Où vibre un soleil, monotone Dans la profondeur des cieux blancs ... Voici qu'à l'approche du givre Les grands bois s'arrêtent de vivre Et retiennent leurs cœurs tremblants. Vois, le ciel vibre, monotone ; C'est le silence de l'automne. O forêt ! qu'ils sont loin les oiseaux d'autrefois Et les murmures d'or des guêpes dans les bois ! Adieu, la vie immense et folle qui bourdonne ! Entends, dans cette paix qui comme toi frissonne, Combien s'est ralenti le cœurs fougueux des bois Et comme il bat, à coups dolents et monotones Dans le silence de l'automne ! Fernand Gregh "La Beauté de vivre" - Calmann-Lévy éditeur, 1900 16. Isabelle Jaccard Feuilles d'automne J'ai regardé les feuilles rouges Elles tombaient. J'ai regardé les feuilles jaunes Elles volaient. J'ai regardé les feuilles brunes Que le vent poussait. Rouges, jaunes, brunes, Chacune dansait. Isabelle Jaccard 17. Georges Jean Georges Jean, né en 1920, est un poète enseignant enseignant-poète ?. Il a publié de nombreux recueils de poésie et des anthologies pour les enfants, dont le Nouveau trésor de la poésie pour enfants en 2003 au Cherche midi éditeur. L'automne Quand s'annonce l'automne La marmotte marmonne Rentre dans sa maison Et dit "C'est la saison Où mon lit a du bon Dormons." Et elle attend le temps Du soleil, le printemps En dormant. Georges Jean 18. Tristan Klingsor Tristan Klingsor 1874-1966 est malgré son nom c'est un pseudonyme, un poète français. Il était aussi musicien et peintre reconnu. Voici sa jolie contribution à l'automne, avec un texte particulièrement adapté aux élèves d'élémentaire Le rouge-gorge Le rouge-gorge est au verger ; Ah ! qu'il est joli, le voleur ; Il ne pèse pas plus que plume Et le vent le balance à son gré Comme une fleur ; Ah ! qu'il est joli, le voleur de prunes. Oiseau, bel oiseau d'automne, Voici l'oseille qui rougit Dans l'herbe, Et la feuille du poirier jaune ; Tout se couvre de pourpre et de vieil or superbe Avant l'hiver gris. Tristan Klingsor 19. Alphonse de Lamartine Alphonse de Lamartine 1790-1869, grand poète romantique et lyrique, écrivain et homme politique, a publié Harmonies poétiques et religieuses en 1830. L'automne* titre proposé pour la classe élémentaire - extrait* Voilà les feuilles sans sève Qui tombent sur le gazon, Voilà le vent qui s'élève Et gémit dans le vallon, Voilà l'errante hirondelle Qui rase du bout de l'aile L'eau dormante des marais, Voilà l'enfant des chaumières Qui glane sur les bruyères Le bois tombé des forêts. L'onde n'a plus le murmure, Dont elle enchantait les bois; Sous des rameaux sans verdure Les oiseaux n'ont plus de voix; Le soir est près de l'aurore, L'astre à peine vient d'éclore Qu'il va terminer son tour, Il jette par intervalle Une heure de clarté pâle Qu'on appelle encore un jour. Alphonse de Lamartine "Harmonies poétiques et religieuses" - 1830 *titre original Pensée des n'a gardé pour l'école élémentaire que les 2 premières strophes de ce long pourra en retrouver l'intégralité dans page du site actuellement en travaux BRASSENS chante les poètes. Une deuxième poésie, dans la même tonalité Rêve d'automne Salut ! bois couronnés d'un reste de verdure ! Feuillages jaunissants sur les gazons épars ! Salut, derniers beaux jours ! le deuil de la nature Convient à la douleur et plaît à mes regards ! Je suis d'un pas rêveur le sentier solitaire, J'aime à revoir encore, pour la dernière fois, Ce soleil pâlissant, dont la faible lumière Perce à peine à mes pieds l'obscurité des bois ! Oui, dans ces jours d'automne où la nature expire, A ses regards voilés, je trouve plus d'attraits, C'est l'adieu d'un ami, c'est le dernier sourire Des lèvres que la mort va fermer pour jamais ! Ainsi, prêt à quitter l'horizon de la vie, Pleurant de mes longs jours l'espoir évanoui Je me retourne encore et d'un regard d'envie Je contemple ses biens dont je n'ai pas joui ! Peut-être l'avenir me gardait-il encore Un retour de bonheur dont l'espoir est perdu ? Peut-être dans la foule, une âme que j'ignore Aurait compris mon âme et m'aurait répondu ? ... La fleur tombe en livrant ses parfums au zéphyr ; A la vie, au soleil, ce sont là mes adieux ; Moi, je meurs et mon âme au moment qu'elle expire, S'exhale comme un son triste et mélodieux. Alphonse de Lamartine "Méditations poétiques" - 1920 28 septembre 2008 7 28 /09 /septembre /2008 2040 L’automne On voit tout le temps, en automne, Quelque chose qui vous étonne, C’est une branche, tout à coup, Qui s’effeuille dans votre cou. C’est un petit arbre tout rouge, Un, d’une autre couleur encor, Et puis, partout, ces feuilles d’or Qui tombent sans que rien ne bouge. Nous aimons bien cette saison, Mais la nuit si tôt va descendre ! Retournons vite à la maison Rôtir nos marrons dans la cendre. Lucie Delarue-Mardrus Published by Les CE2 - dans Poésie

poesie l automne on voit tout le temps